Mangez mieux et plus simplement!
Je suis tombée cet après-midi sur un article très intéressant de la chroniqueuse Marie-Claude Lortie, chroniqueuse et critique gastronomique de La Presse. Celui-ci porte sur le point de vue de Trish Deseine, une auteure de livre de cuisine, sur la culture foodies avec ses chefs renomméEs qui réalisent des recettes gastronomiques pour une émission de cuisine ou une publication culinaire.
La gastronomie est partout! Avec tout ce bombardement continuel de recettes dans les médias, on ne peut pas dire qu'on manque d'inspiration, mais est-ce que les gens mangent mieux? Ont-ils appris à se faire à manger? Les plats proposés par les cuistots célèbres de notre émission de cuisine préférée sont si alléchants, tellement qu'on aimerait être l'invité du chef et goûter au plat final pendant le générique. On se permettrait même d'ajouter un fameux petit hmmmmmm, la fourchette encore à la bouche.
Le retour sur terre est pourtant bien morose : niveau de
difficulté de la recette trop élevée, des ingrédients qui semblent introuvables ou qu'on ne veut pas acheter pour un usage unique, des ustensiles ou des plats qui n'ont pas encore élu domicile dans notre tiroir... cela à vite faire de mettre un frein à notre lancée culinaire. Bref, des recettes inaccessibles quand on réalise que dans la vraie vie, une bonne partie de la population s'alimente très mal et carbure aux petits plats congelés et aux cannes de boulettes. Situation précaire, manque d'information sur les nutriments et sur la cuisine en général...
Pas besoin de toute cette gastronomie!! Il est possible d'adopter une alimentation saine en cuisinant de bons petits plats simples avec des aliments frais que l'on pourra partager avec notre famille. N'oubliez surtout pas d'oser une recette ou de découvrir de nouveaux ingrédients, vous pourriez être agréablement surpris, et quand on apprivoise des recettes plus ardues, on s'améliore tout en diversifiant notre alimentation. Et contrairement à ce que pense la chroniqueuse, le veganisme et le biologique devrait prendre une part importante dans vos nouvelles résolutions en vue d'une saine alimentation.
Voici l'article en question :
«La culture des chefs-vedettes
n'aide pas les gens à cuisiner au quotidien. Ça n'a rien à voir avec la
réalité à la maison... C'est un discours pour les classes moyennes. Ce
n'est pas utile pour les autres.»
Celle
qui parle ne s'appelle pas Françoise David ou Naomi Klein, militantes
de grande gauche bien connues. Ce n'est pas non plus une anti-bobo,
anti-gourmets, anti-livres de recettes.
C'est plutôt une auteure de livres de cuisine.
Elle s'appelle Trish Deseine. Irlandaise d'origine, elle habite Paris
depuis 25 ans, où elle publie ses magnifiques ouvrages. Souvent,
cependant, elle retourne en Irlande ou va faire un tour en
Grande-Bretagne, où elle constate que la révolution culinaire des 15, 20
dernières années n'a pas changé grand-chose aux lacunes de base des
gens quand vient le temps de se faire à manger.
Cela ne leur a pas appris à se préparer des légumes, à apprécier plus
les fruits, à consommer moins de fritures et de produits préparés
remplis d'additifs chimiques et de sel. Ni à manger plus souvent en
famille des plats cuisinés à la maison, clé d'une meilleure
alimentation, les études montrant les unes après les autres que ces
repas permettent d'augmenter la consommation de fibres, de grains
entiers, de légumes, de vitamines et de minéraux cruciaux comme le fer
et le calcium.
«Les personnes qui n'ont pas beaucoup d'argent achètent encore tout
blanc, du surgelé tout préparé, etc. Passer de ça à savoir bien cuisiner
les légumes, c'est un pas énorme.»
Et selon elle, toute la culture foodie qui prend tant de place dans les
médias de masse actuellement, avec tous ces nouveaux livres de cuisine
publiés chaque mois, toutes ces émissions de chefs, n'atteint pas ces
gens qui ont le plus besoin de se faire montrer comment faire à manger.
En France, explique Mme Deseine, 15% du budget des ménages va à la
nourriture. En Irlande, c'est moins de la moitié: 7%. On achète du tout
fait hyper bon marché - on pense à l'équivalent de nos nouilles
instantanées et aux autres macaronis au fromage en boîte -, on passe à
côté du frais.
À cette population qui est la première ciblée par les politiques
publiques d'alimentation «saine» et par les programmes de lutte contre
l'obésité, «on vend des solutions irréalistes».
«Les gens qui ont vraiment besoin d'aide ont besoin d'accès au déclic»,
dit-elle, le déclic qui se passe quand on comprend comment faire
soi-même un plat de pâtes, une omelette...
«Toute l'attention va aux vedettes, aux rock stars de la cuisine, mais
les vrais héros sont sur le terrain.» Ils montrent aux gens comment
cuisiner une salade, une soupe, un poulet rôti à la fois. Ça n'a rien de
spectaculaire. Ni même de gastronomique. C'est juste simple et bon.
Mme Deseine n'est pas contre la culture foodie qui s'est tant
développée. Elle n'est pas contre les marchés fermiers, par exemple,
surtout ceux qui servent vraiment de comptoir pour les petits
producteurs régionaux, pas juste les bios.
Mais il faut, croit-elle, que la culture de la cuisine soit ramenée à
des choses très simples. Pas au glamour de préparer la recette de tel ou
tel chef-vedette. Même le Britannique Jamie Oliver, qui est pourtant un
grand démocrate des fourneaux, qui veut réellement, sincèrement,
encourager les gens à cuisiner chez eux, n'est pas assez basique,
pense-t-elle.
«Il y a des notions mises en place, par exemple, qui ne sont pas
réalistes», précise Mme Deseine. Et cela met une pression sur les
lecteurs, qui se découragent. «Ils sont perdus.»
Au Canada aussi, il faut se poser ces questions. Ainsi, 22% des parents
rapportent que leurs enfants mangent dans une chaîne de restauration
rapide au moins une fois par semaine. À la maison, les enfants mangent
souvent seuls. Souvent devant la télévision. D'une année à l'autre, on
consacre généralement, dans les familles, 12% ou 13% du budget à
l'alimentation. C'est plus qu'en Irlande, mais moins qu'en France. Le
temps que l'on passe à faire nos repas? Il était de 45 minutes, en
moyenne, au début des années 90, nous apprend Statistique Canada.
Maintenant, on parle d'une quinzaine de minutes. Ce n'est même plus une
demi-heure. De plus, la part des aliments transformés dans ces repas est
en constante croissance tandis que la part du «fait maison», elle,
diminue. En 1992, la moitié des familles canadiennes mangeait tous les
jours des repas faits maison. Déjà, 10 ans plus tard, on parlait du
quart. Imaginez maintenant... Et c'est sans oublier que si, en 1970, 2%
des calories consommées par les enfants provenaient de ce que
Statistique Canada appelle «des repas minute», cette proportion était
déjà de 38% au début des années 2000. Une augmentation qui ne peut que
nous faire réfléchir à celle du taux d'obésité infantile.
Recherche après recherche, on constate que cuisiner des choses simples à
la maison, à partir d'ingrédients de base, pour ensuite manger tout
cela en famille est la façon la plus saine de s'alimenter. On oublie la
lutte contre les calories, on oublie le bio, le sans gluten, le
végétarisme (Sic) et tous les sermons que les nutritionnistes ou les
responsables des politiques en santé publique ont pu nous servir depuis
40 ans pour nous mélanger et nous donner l'impression qu'on ne fait
jamais la bonne chose. Et peut-être, comme le suggère Mme Deseine,
doit-on aussi arrêter de vouloir performer comme les vedettes de la
mandoline ou du cul de poule.
Ce qui compte est beaucoup plus simple. C'est de savoir un peu cuisiner.
Et de prendre le temps de le faire. Sans se prendre la tête.
Source : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/marie-claude-lortie/201301/09/01-4609545-cuisiner-sur-terre.php
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