Déblatérations alimentaires
Manger.
L’action de manger est répétée en moyenne 87 600 fois dans une vie (3 repas par jour pendant 80 ans). Si on compte trois heures par jour (ce qui est un minimum, considérant que plusieurs personnes restent deux ou trois heures autour de la table), l’être humain passerait le huitième de sa vie à manger. Si, à la journée de 24 heures, on soustrait les 8 heures de sommeil, nous passons le cinquième de notre vie active à manger.
Je
termine ces déblatérations avec cette chanson des Vulgaires Machins à propos de
l’alimentation « industrielle ». Les paroles sont en bas!
L’action de manger est répétée en moyenne 87 600 fois dans une vie (3 repas par jour pendant 80 ans). Si on compte trois heures par jour (ce qui est un minimum, considérant que plusieurs personnes restent deux ou trois heures autour de la table), l’être humain passerait le huitième de sa vie à manger. Si, à la journée de 24 heures, on soustrait les 8 heures de sommeil, nous passons le cinquième de notre vie active à manger.
Face à ce constat, il n’est pas
difficile de comprendre pourquoi l’industrie alimentaire joue les cartes de la
rapidité et de la commodité. En réduisant le nombre d’heures nécessaires à
produire ses repas, on accroît la productivité de ceux qui les ingèrent. Alors
que le stress et l’hyper-productivité prennent du terrain, ce sont les
travailleurs qui en paient les frais. Aujourd’hui, on ne recherche pas les
épices fines ou les arômes du safran, de la cardamome ou encore la puissance
des clous de girofle. Ce qu’on veut, c’est des grosses portions de « bouffe »
qui ont pour seule propriété d’être pseudo-comestible. Moi-même, en tant que
vegan et cuisinier, je ne suis pas complètement à l’abri de la culture de la
facilité (ou plutôt de la lâcheté!) après une journée de cours ou de travail.
Anecdote 1 : Saviez-vous d’où
proviennent les repas congelés?
Dans les années 40 et 50, la
compagnie américaine Swanson vendait des jeunes dindons pour l’action de grâce
(Thanksgiving). Un jour, constatant les pertes engendrées par la portion
dindons non-vendus, la compagnie décida d’utiliser les restes de dinde pour en
faire des plats surgelés. Accompagnés de petits pois, de purée de pommes de
terre et d'une portion de gâteau, les restes de dinde pouvaient être écoulés dans
des repas « rapides et simples » applés « TV-Dinners ». Les
plats venaient dans des assiettes en aluminium pouvant être chauffées au four.
Avec l’arrivée du four à micro-ondes, on changea pour du plastique. Le concept du
téléviseur était original : donnez ces plats à vos enfants et à votre mari
qui vont regarder la télé tout en mangeant. Ce concept a fait une traînée de
poudre et le premier « fast-food chez soi » vu le jour. Fini les
longs soupers à discuter, fini la vaisselle à laver. La société des loisirs
allait pouvoir voir le jour grâce à Swanson! Maintenant, Swanson est connu pour
les « Hungry Man », cette aberration d’une livre et demie de viande
pour les hommes affamés.
TV Dinner, les premiers plats congelés! |
Slow Food
Heureusement, face à cette
culture de la rapidité et de la médiocrité alimentaire, un mouvement à vu le
jour : Le Slow Food. Le concept du slow food, fondé par Carlo Petrini en
1986, est représenté par les objectifs suivant:
1. S'opposer aux effets dégradants de
l'industrie agroalimentaire et de la culture
de la restauration rapide qui standardisent les
goûts ;
- 2.
Défendre la biodiversité alimentaire
au travers des projets de l'Arche du goût
et des Sentinelles
- 3.
Promouvoir les effets bénéfiques de
la consommation délibérée d'une alimentation locale et de nourriture indigène ;
- 4.
Promouvoir une philosophie
de plaisir ;
- 5.
Encourager le tourisme attentif et
respectueux de l'environnement et les initiatives de solidarité dans le domaine alimentaire
- 6.
Réaliser des programmes d'éducation
du goût
pour les adultes et les enfants ;
- 7.
Travailler pour la sauvegarde et la
promotion d'une conscience publique des traditions culinaires et des
mœurs ;
- 8.
Aider
les producteurs-artisans de l'agroalimentaire
qui font des produits de qualité.
(Source: Wikipedia)
Anecdote
2 : Conscience de classe et redlining.
Un
des malaises que je ressens devant la culture « vegan » ou même la
culture « alternative » en générale, est qu’il s’agit d’une lutte
corporatiste menée par la classe moyenne et par les intellectuels. Afin de
pouvoir critiquer la consommation et exercer des choix, il faut avant tout être
un consommateur. Hélas, tous les gens ne sont pas libres de choisir. Les
communautés marginalisées, les ouvriers, les femmes monoparentales et une bonne
partie de la population vivent avec le strict minimum, ou peu pour survivre. Les sucres et les gras sont
ce qui offrent le plus grand apport calorique par rapport au volume et au
prix. Il est facile de comprendre que des gens en
situation de pauvreté préfèrent nourrir leurs enfants (et eux-mêmes) avec des
pâtes, du riz instantané, des chips et des boissons gazeuses : la quantité
pour le prix est phénoménale. Si on subventionnait les fruits et légumes ou on offrait des incitatifs à la bonne alimentation, évidemment que les gens en profiteraient pour bien manger...
Les chaînes de supermarchés pratiquent ce qu’on
appelle le redlining (métaphore qui consiste à « entourer en rouge »
un quartier défavorisé/violent/ethnique/etc) pour différencier l’offre de
produits selon la communauté. Ainsi, dans les quartiers défavorisés, on offre
moins de fruits, de céréales entières, de légumineuses, de fromages fins (ça,
on s’en fout…), mais on offre plus de plats industriels, de chips, de
beignets, etc. Bref, vous voyez le pattern. Les pauvres se font bombarder de nourriture grasse, transformée et bourrée de sucre et de sel, tandis que les riches vont acheter leur pain à la boulangerie du coin, leurs légumes au marché et leurs charcuteries chez le boucher. Les riches ne sont pas en santé parce qu'ils sont plus responsables ou quoi-que-ce-soit. Ils sont plus en santé parce qu'ils ont les moyens de l'être.
Ce
à quoi il faut s’attaquer, c’est au « pourquoi » des bas prix.
Normalement, plus un produit est transformé, plus il devrait coûter cher (pour
payer toutes les étapes de la chaîne de production). La réponse se trouve dans
les économies d’échelles. L’industrie, accompagnée du bombardement publicitaire
et de la culture de masse véhiculée dans l’industrie du divertissement compte
sur le nombre d’acheteurs pour faire chuter ses prix. Si produire 1000 sacs de
chips a un coût X, en produire 100 000 ne coûte pas 100X. C’est là le
concept des économies d’échelles. C’est plus payant pour Lowblaws, Nestlé ou
Kraft, de vendre un million de sacs de chips ou de bouteilles de jus à 1.99$
que d’en vendre dix mille à 3.99$.
Alors,
comment faire baisser les prix des produits alternatifs (bio, équitable,
local)?
En
achetant bio/équitable/local. On pourrait hypothétiquement insérer l’équation
des économies d’échelles, mais ces produits alternatifs perdraient ce qu’ils
ont d’alternatifs et deviendraient des « labels », tout comme le
biologique trouvé chez Wal-Mart. La richesse des petites compagnies et des
petits marchés est justement le fait que ce sont des petites compagnies et des
petits marchés, ancrées dans la communauté locale.
Ce
qu’il faut, au contraire, c’est cesser l'externalisation des coûts sociaux, humains et environnementaux. Il faut que les prix de la malbouffe et des produits
transformés augmentent, atteignant le coût réel qu’elles coûtent à la société.
Donnons un salaire décent aux paysans qui font pousser les légumes, prenons en
compte les coûts écologiques sur les sols et sur les écosystèmes, favorisons la
biodiversité alimentaire et subventionnons les aliments sains et agro-écologiques. On paiera un peu plus cher (collectivement) pour nos aliments, mais les
paysans et les écosystèmes vont arrêter de payer pour nous.
Si
la question de l’alimentation vous intéresse, voilà quelques livres
intéressants :
-
Raj
Patel, Stuffed and Starved : The hidden battle for the world’s food system
-
Paul
Roberts, The End of Food
-
Michael
Pollan: In defense of food: an eater’s manifesto
Bonne bouffe!
Mes pâtes sont trop cuites
Mes œufs goûtent la truite
Il y a tellement de sel
Que mes reins abdiquent
Et d’un bout à l’autre
De la Belle Province
C’est le boulevard Taschereau
Qui nous sert d’exemple
Ça me dégoûte dans mon organisme
C’est juste une texture qui se mange
Tant qu’il y a des grosses portions on est content
Du sirop de poteau, amènes-en
La vie est trop courte
La vie est trop belle
Mais comment vous faites
Pour rater l’essence
Tu t’approches de moi
Et ça y est je tremble
C’était prévu, tu me donnes
Des déchets qui se mangent
Et qui goûtent pour le moins étranges
C’est juste une texture qui se mange
Est-ce que c’est notre table qui hallucine ou il y a d’autres clients
Qui ont un pouce d’eau dans leur spag…
…Hetti
Juste une texture qui se mange
Vomi
Juste une texture qui se mange
Je t’en prie
Un cuisinier ça se change
Tu me dis
« Oui mais au moins on mange
Mes œufs goûtent la truite
Il y a tellement de sel
Que mes reins abdiquent
Et d’un bout à l’autre
De la Belle Province
C’est le boulevard Taschereau
Qui nous sert d’exemple
Ça me dégoûte dans mon organisme
C’est juste une texture qui se mange
Tant qu’il y a des grosses portions on est content
Du sirop de poteau, amènes-en
La vie est trop courte
La vie est trop belle
Mais comment vous faites
Pour rater l’essence
Tu t’approches de moi
Et ça y est je tremble
C’était prévu, tu me donnes
Des déchets qui se mangent
Et qui goûtent pour le moins étranges
C’est juste une texture qui se mange
Est-ce que c’est notre table qui hallucine ou il y a d’autres clients
Qui ont un pouce d’eau dans leur spag…
…Hetti
Juste une texture qui se mange
Vomi
Juste une texture qui se mange
Je t’en prie
Un cuisinier ça se change
Tu me dis
« Oui mais au moins on mange
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